Le Droit Arts et spectacles, samedi, 12 février 2011,
Nouvelle exposition pour le Gatinois
Point tournant pour Gélinas
Collaboration spéciale

Claude Bouchard,

Étienne Gélinas expose 14 tableaux de facture récente, une suite de ses Compositions, à la Galerie St-Laurent + Hill.

Quiconque suit l’évolution de l’artiste gatinois depuis ses débuts, ne manquera pas de voir l’exposition et retiendra le sérieux de cette dernière recherche plastique. Il reconnaîtra les notions mathématiques, universelles et cosmiques qui persistent, tout en appréciant l’évolution des expositions passées et les découvertes qui le confrontent présentement.
Composition 216, techniques mixtes sur toile, retient d’abord l’attention par l’importance du format (36 x 84 po.). D’autre part, le fond de toile est scindé en deux par un coloris rouge vif du côté gauche de la toile, et noir opaque du côté droit. Enfin, le corpus du centre, qui obstrue la presque totalité du tableau, est recouvert de coloris blancs, gris, rouges, noirs, ocres, jaunes et beiges. Cette oeuvre particulière se démarque de celles auxquelles le peintre nous a habitués, tout en conservant certains éléments retrouvés dans les toiles antérieures.
Le thème de base demeure le même, les codes subsistent, le spectateur pouvant d’ailleurs les reconnaître dans plusieurs tableaux, même si ces codes n’ont plus la même omniprésence dans Composition 216, pas plus que dans les autres Compositions.
En ce qui a trait à l’iconographie proprement dite, elle est puissante, voire agressive, et l’oeuvre, d’aspect « scientifique », rappelant la forme d’un aérostat, est entouré d’ondes cosmiques, constituant des éléments nouveaux.
La panoplie de couleurs, symboles, éléments linéaires, textures, transparences, luminosité, coulisses et concepts de temporalité représentent autant d’éléments plastiques qui, venus s’ajouter à la gamme des techniques privilégiées, témoignent de l’évolution constante de l’artiste.
Malgré un enchaînement successif d’expositions, au cours desquelles une évolution certaine a été notée, Gélinas ne semble pas avoir atteint le seuil de créativité qui le projettera parmi les grands. Si chaque présentation de l’artiste ajoute un fleuron à sa montée et laisse augurer une évolution définitive, le Gatinois demeure à la croisée des chemins. Tous les éléments         techniques     semblent toutefois réunis pour pouvoir crier victoire. Le peintre a acquis beaucoup d’assurance et tous – spectateurs, amateurs, collectionneurs – s’accordent pour dire que l’exposition en cours laisse entrevoir un tournant dans l’évolution de sa peinture.
Indéfectibles, le plastique et le scientifique semblent immuables, rigides. La structuration et l’ordonnance des compositions sont cérébrales, laissant par conséquent peu de place à l’émotion, à la souplesse, à l’intuition et à la spontanéité. L’artiste semble vouloir s’approcher de ces marquants psychiques, mais bifurque aussitôt pour s’en tenir au mode de rigidité scientifique qui le caractérise.
Plusieurs des Compositions, dont 235, 236 et 237, qui constituent des joyaux de petit format, sont remarquables à tout point de vue. D’autres retiennent l’attention tant par la composition que par l’agencement et le choix des coloris. C’est le cas de 217, de format plus impressionnant, qui verse dans les noirs, les blancs et les rouges. L’oeuvre est puissante et réussie. 233, dont les jaunes attirent l’oeil, est un autre tableau de grand format devant lequel il importe de s’arrêter. L’observateur notera que le sigle du peintre – le cercle – est partout visible même s’il se fait désormais plus discret, plus subtil. La qualité de l’oeuvre, soutenue, ne se dément pas et impose une visite à la Galerie.
Pour y aller : OÙ ? Galerie St-Laurent + Hill QUAND ? Jusqu’au 23 février 2011 RENSEIGNEMENTS ?
613-789-7145,    www.galeriestlaurentplushill.com