
«Etienne Gélinas et la danse des codes» CLAUDE BOUCHARD
Après avoir présenté Les codifications pragmatiques, au Casino du lac Leamy, au début de l’année, Étienne Gélinas propose maintenant à ses adeptes une nouvelle exposition, Codification émotive, qui se déroule, cette fois, à l’espace Odyssée de la Maison de la culture de Gatineau. La trame, dans l’oeuvre du peintre est fidèle à sa philosophie artistique et la thématique est invariable. Et, pourtant, malgré une apparence de similarité qui transgresse l’iconographie, l’amateur qui observe attentivement les nouvelles oeuvres de l’artiste découvre une variété d’éléments qui affectent les codifications et régissent ce que le peintre considère être la préoccupation principale de son oeuvre: «la force émotive de la matière».
Un premier élément qui bouscule les codes se trouve dans la différence des formats présentés. Alors que l’exposition du début de l’année présentait essentiellement des tableaux de petits formats, la série actuelle comporte de très grands tableaux, tous des techniques mixtes, peints sur bois. L’incidence du format influe de manière décisive sur le déploiement de la matière, sur la qualité et la variété des empâtements et des couches transparentes, des coulisses et, inexorablement, sur ce que j’appelle la danse des codes. Un deuxième élément qui modifie la codification est rapidement décelé par le spectateur. En effet, la couleur surgit désormais des entrailles des travaux à teneur cosmique qui sort de la palette du peintre, et cette panoplie de couleurs projette une image beaucoup plus sereine de l’univers. Alors que les codes demeurent, ils paraissent moins rigides, de par la luminosité que dégagent le tableau et la plus grande surface qui le régit. Enfin, un troisième élément s’ajoute, qui a une incidence additionnelle sur ‘la danse des codes: l’utilisation des matériaux, de la matière, pour créer des effets contrastants. Chaque œuvre constitue un ensemble de techniques et de composantes complexes. Il n’y a pas ou très peu d’automatisme à l’intérieur d’un mode de travail réfléchi et élaboré. Le cercle prend une importance considérable au sein des tableaux et l’adoucissement de la couleur rend plus facile la lecture des œuvres. Le visiteur est alors à même d’explorer le contenu de la toile à fond et d’en saisir tout l’impact de l’effort technique qu’il recèle, sans mentionner l’experte élaboration du dessin à fond scientifique et la richesse de la couleur, subtile ou brutale, agressive, selon le cas. Certaines présentations sont plus floues et rendent la lecture plus difficile, mais, néanmoins, les toiles fourmillent de références de toutes sortes, qui ont pour effet de ramener le spectateur à la compréhension. La teneur de l’exposition illustre
le sérieux de l’œuvre de Gélinas, et ce salmigondis artistico pseudo scientifique apporte une note d’érudition à une œuvre déjà complexe. Le reste de l’aventure Gélinas sera à suivre. Le peintre nous amènera nécessairement sur des voyages artistiques audacieux qui risqueront de mettre sa survie même en péril. L’aventure est palpitante, de taille.
Étienne Gélinas est né à Maniwaki, en 1981. Il habite ensuite à Montréal, de 1999 à 2003, Qù il
obtient un diplôme d’études professionnelles en technique d’usinage-outilleur / matriceur. De retour dans l’Outaouais, l’artiste entreprendra des études collégiales en arts visuels et médiatiques et, en 2006, l’Université du Québec en Outaouais lui décerne un baccalauréat en arts et design, avec concentration en arts visuels. Gélinas a tenu huit expositions individuelles depuis 2005 et a participé à un nombre identique d’expositions de groupe. Il enseigne aussi la peinture pour le compte de la Ville de Gatineau et fait déjà partie des collections publiques de la Ville d’Ottawa et de Loto-Québec.
POUR y ALLER
QUOI? L’exposition
Codification émotive,
d’Étienne Gélinas
OÙ? À l’espace Odyssée
de la Maison de la culture
de Gatineau
QUAND? Jusqu’au 23 novembre
RENSEIGNEMENTS? 819 243-2325