Gélinas, ou le cercle de la création Lessard, Valérie

August 29 2009

Gélinas ou le cercle de la création

Après quelques années sur le marché du travail en tant que contrôleur de qualité en aérospatiale, Étienne Gélinas a eu l’impression de tourner en rond. Il a donc décidé de tout lâcher pour retourner aux études. S’il a, dans un premier temps, tâté du génie électrique, il a vite compris que pour éviter la routine qui l’avait ramené sur les bancs d’école, il devait emprunter une autre voie: celle des arts visuels. Trois ans après l’obtention de son baccalauréat en arts et design, concentration arts visuels, de l’Université du Québec en Outaouais, Étienne Gélinas peint à temps plein. Chaque tableau du Gatinois de 28 ans recèle pourtant des éléments scientifiques, comme autant de clins d’œil à sa passion pour les mathématiques, les plans à l’échelle, les engrenages, la mécanique et le cercle.

Étienne Gélinas, qui a grandi en montant et démontant motocross et autres engins à moteurs  avec son grand-père mécanicien, se plaît à opposer les codes plastique et scientifique dans sa démarche artistique. Le rigide se confronte à l’émotif, le cartésien se superpose au spontané dans les toiles et plus récentes œuvres sur papier qu’il expose à la galerie Montcalm, dans le cadre de Codification élective. “Au départ, mon travail s’inscrivait dans une forme de critique des protocoles de notre société qui éliminent la notion de l’intuition, du cas par cas, de l’individualité, et non pas de l’individualisme, explique l’artiste. Maintenant, mon souci est plus esthétique, ma recherche est devenue plus picturale. Je préfère croire que les gens vont se poser des questions en observant mes tableaux, au lieu de prétendre leur transmettre un message. Je ne cherche pas à imposer une idée, à dicter une émotion. Je travaille plutôt à composer des images qui vont parler d’elles-mêmes.”

S’il joue avec les couleurs de patrons ou avec des transferts d’images de musculature humaine,  s’il intègre une pièce sur laquelle il a déjà travaillé chez Pratt et Whitney ou dirige le regard de ses personnages (comme celui du spectateur) en divisant son espace de création par des lignes,

Étienne Gélinas vise de plus en plus l’abstraction dans ses représentations.

Cela dit, il persiste et signe. Entre autres, des œuvres sur papier créées à partir des vieux patrons de couture de sa mère, symboles de la standardisation et d’un conformisme qu’il prend plaisir à dénoncer. Là encore, l’artiste superpose les couches, oppose les couleurs des patrons pour donner un effet de profondeur, ajoute des coulées de peinture noire (dripping) dans ses collages. D’autres tableaux, également élaborés au cours des deux derniers mois de production, se présentent à l’horizontale, des formules mathématiques et des têtes se détachant en blanc sur fond noir, à travers de petites touches de rouge ici et là, pour attirer l’œil, et des cercles pouvant se transformer tantôt en tunnels, en engrenages, en cibles, voire en barillet de pistolet dans l’esprit du visiteur.

La figure du cercle

Car le cercle se fait très présent dans l’œuvre d’Étienne Gélinas. “Il s’agit d’une forme à la fois simple, fluide et révolutionnaire. Le cercle, c’est la roue, entre autres. C’est une forme qui

a été très importante dans le développement de l’humanité! fait-il valoir avec passion. Il incarne aussi le mouvement perpétuel et une idée de la perfection, qui rejoint mon propos, autant au niveau pictural que social.” Étienne Gélinas en fait donc le principal élément visuel à la ligne résolument courbe dans ses créations. Celui par lequel il casse la rigidité de ses lignes droites, “et qui me permet de revenir au principe du cas par cas, justement”.

POUR Y ALLER

QUOI? L’exposition Codification

élective, d’Étienne Gélinas

OÙ? Galerie Montcalm

Chaque tableau d’étienne Gélinas recèle des éléments scientifiques, comme autant de clins d’oeil à sa passion pour les mathématiques, les plans à l’échelle, les engrenages, la mécanique et le cercle.